Quand la roche soulève une controverse
Cet article a initialement été rédigé et soumis pour faire partie du recueil de récits d’innovation du projet Canada 150 visant à réunir des témoignages sur l’innovation canadienne en collaboration avec des partenaires de partout au pays. Il a maintenant été intégré au Réseau Ingenium, un portail numérique qui met en vedette du contenu en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
Bryson Masse
Programme de journalisme du Collège Algonquin
Quand Lawrence Morley essaie pour la première fois d’expliquer la tectonique des plaques par un mystérieux phénomène se produisant au fond des mers, son hypothèse fait l’objet d’un rejet catégorique. Ce n’est que des mois plus tard, lorsque deux étudiants en géophysique de l’Université de Cambridge proposent une idée semblable, que la prestigieuse revue scientifique Nature publie son hypothèse révolutionnaire.
La tectonique des plaques nous aide à mieux comprendre le passé de notre planète. L’idée est plutôt simple : des plaques se trouvant sous la croûte terrestre se déplacent graduellement et s’entrechoquent ou glissent les unes sur les autres. Toutefois, dans les années 1960, cette idée suscite la controverse. En travaillant comme opérateur radar pendant la Seconde Guerre mondiale, puis en accompagnant des prospecteurs à la recherche de minerai de fer dans les régions sauvages du Canada, Morley apprend une ou deux choses sur le magnétisme.
À l’époque, la théorie de la dérive des continents (qui deviendra celle de la tectonique des plaques) n’est pas populaire. Peu nombreuses sont les personnes qui croient que la terre bouge constamment sous nos pieds. Or, Morley a élaboré sa théorie après avoir vu des bandes magnétiques ressemblant aux rayures d’un zèbre le long du relief sous‑marin. À son avis, la polarité prouve que du magma expulsé des espaces entre les plaques produit l’expansion du fond marin, ce magma enregistrant le champ magnétique ambiant lorsqu’il refroidit.
La théorie de Morley marquera un tournant, révélant la véritable nature de la croûte terrestre. Il faudra quelques années pour qu’elle soit acceptée. Grâce aux données présentées par Frederick Vine et Drummond Matthews, deux étudiants diplômés de l’Université de Cambridge, l’hypothèse Morley-Vine-Matthews sera reconnue à sa juste valeur en 1963. Morley est intronisé au Panthéon canadien des sciences et du génie en 2014.