Découvrir la rude montée des cyclistes canadiennes de compétition
Récente diplômée du programme d’études spécialisées en histoire de l’Université Bishop, j’ai été embauchée pour l’été, l’an dernier, comme chercheuse à Ingenium – Musées canadiens des sciences et de l’innovation. Ma mission consistait à écrire un texte sur le cyclisme au Canada dans le cadre d’une publication à venir, qui donnera suite à l’ouvrage de Sharon Babaian intitulé The Most Benevolent Machine: A Historical Assessment of Cycles in Canada.
Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait quand on m’a demandé d’écrire sur les cyclistes canadiennes de compétition. L’expérience qui s’en est suivie n’avait rien de commun avec ma rédaction de rapports de recherches au premier cycle. J’ai eu la chance de discuter avec trois cyclistes formidables, qui m’ont parlé de leur expérience : les triomphes et les obstacles qui avaient jalonné leur carrière, et leurs espoirs pour l’avenir du cyclisme.
Ce que je savais des entrevues portant sur l’histoire orale me venait de lectures; l’occasion qui m’était offerte de préparer puis de mener trois de ces entrevues a changé du tout au tout ma conception de cette méthode. Mes questions étaient parfois légères et parfois lourdes d’émotions, et la candeur des femmes qui se confiaient à moi m’a donné une remarquable leçon d’humilité. J’étais contente que la discussion s’écarte parfois des questions, car les cyclistes pouvaient ainsi toucher à des sujets que je n’abordais pas nécessairement, et dont plusieurs se sont retrouvés dans l’article final.
Dans les années 1960, le cyclisme s’est fermement implanté au sein de la population canadienne, tant pour les activités récréatives que pour la compétition et pour le transport. En 2021, le cyclisme est si bien ancré dans les habitudes que des commerces comme l’Ottawa Bike Café, à Ottawa, en Ontario, attirent gourmets et cyclistes à une seule et même adresse.
Au départ, j’ai mené des recherches sur la nature exacte du cyclisme de compétition au Canada. Puisque j’avais récemment rédigé un rapport de recherche sur l’engouement pour la bicyclette, dans les années 1890, j’avais l’impression de partir d’assises solides quant aux origines du cyclisme. Toutefois, l’article débutait en 1960, et les choses avaient alors beaucoup changé depuis les années 1890. Dans les années 1960, on commençait à découvrir le cyclisme et à mettre sur pied une infrastructure pour ses adeptes; au même moment, la bicyclette se répandait au Canada. Au départ l’accès passait par un réseau amélioré et l’ouverture des clubs de cyclisme aux femmes. Avec un accès croissant au sport au cours des décennies qui ont suivi, de plus en plus de femmes ont fait leur entrée dans le monde de la compétition, tant sur la scène locale que sur la scène internationale. De nos jours, des femmes compétitionnent dans toutes les disciplines : cyclisme sur route, paracyclisme et vélo de montagne.
Au Canada, les écoliers ont découvert le cyclisme grâce à des activités comme la compétition Bike Rodeo. Cette image de 1976 montre des écoliers, garçons et filles, tenant des trophées remportés au Bike Rodeo.
Le trajet vers le présent que nous connaissons n’a toutefois pas été de tout repos. La route des nombreuses femmes qui tentaient d’accéder au sport était semée d’embuches : difficultés de financement, biais associés à la maternité, harcèlement et coercition, pour n’en nommer que quelques-unes. Grâce aux combats qu’elles ont menés, et avec l’appui d’organisations soutenant la présence des femmes dans les sports, ces difficultés continuent de nos jours à s’estomper. Cette recherche m’a beaucoup appris sur un segment encore largement inconnu de notre société, et j’espère que ce travail fera partie d’un dialogue global portant sur les athlètes canadiennes.
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