Une fréquence cardiaque artificielle
Cet article a initialement été rédigé et soumis pour faire partie du recueil de récits d’innovation du projet Canada 150 visant à réunir des témoignages sur l’innovation canadienne en collaboration avec des partenaires de partout au pays. Il a maintenant été intégré au Réseau Ingenium, un portail numérique qui met en vedette du contenu en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
Daniel Prinn
Programme de journalisme du Collège Algonquin
Par sa fonction même, le stimulateur cardiaque est un appareil qui sauve des vies. Étonnement, sa remarquable découverte a lieu par hasard. Tout commence alors que les Drs Wilfred G. Bigelow et John C. Callaghan, chirurgiens canadiens, font de la recherche sur le refroidissement du corps afin de ralentir la fréquence cardiaque pendant les interventions au coeur. Or, leurs travaux révèlent que les impulsions transmises au moyen d’une sonde électrique permettent de contrôler la fréquence cardiaque.
Souhaitant que leur découverte se traduise par la production d’un appareil clinique, les Drs Bigelow et Callaghan s’adressent à John Alexander Hopps, ingénieur électricien du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). L’équipe conçoit un cathéter‑électrode « bipolaire », destiné à stimuler la paroi du cœur sans qu’on ait à ouvrir le thorax du patient.
En 1949, Hopps arrive à produire un stimulateur cardiaque efficace. Un fil isolé inséré dans la veine jugulaire transmet des décharges électriques (au moyen de tubes à vide créant des impulsions électriques) à l’oreillette droite du cœur. Ces décharges produisent la fréquence artificielle. Dix ans plus tard, de petits transistors en silicium remplacent les tubes à vide, ce qui permet d’implanter l’appareil sous la peau pour que les utilisateurs puissent avoir une vie normale. Hopps finira lui‑même par être muni d’un stimulateur pour régulariser sa fréquence cardiaque.
L’équipe dont Hopps fait partie au CNRC continue de faire de la recherche dans le domaine cardiovasculaire et réalise de nombreuses inventions : certaines viennent en aide aux aveugles; une autre fait progresser l’utilisation des ultrasons à des fins diagnostiques. En 1965, Hopps fonde la Société canadienne de génie biomédical, dont il devient le président. Il décède en 1998. Il est intronisé au Panthéon canadien des sciences et du génie en 2005.