Une course contre la montre : l’histoire du deuxième réacteur nucléaire
Cet article a initialement été rédigé et soumis pour faire partie du recueil de récits d’innovation du projet Canada 150 visant à réunir des témoignages sur l’innovation canadienne en collaboration avec des partenaires de partout au pays. Il a maintenant été intégré au Réseau Ingenium, un portail numérique qui met en vedette du contenu en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
Bryson Masse
Programme de journalisme du Collège Algonquin
Alors que la Seconde Guerre mondiale tire à sa fin en Europe, George C. Laurence se lance dans une course contre la montre pour déterminer l’avenir de l’énergie et du matériel de guerre. Il construira le deuxième réacteur nucléaire au monde.
Né à Charlottetown (Île‑du‑Prince‑Édouard), Laurence obtient un baccalauréat et une maîtrise en physique à l’Université Dalhousie. Après avoir effectué des études de doctorat en Angleterre avec les plus grands esprits de la recherche nucléaire, il revient au Canada en 1930. Laurence travaille au Conseil national de recherches du Canada à la création d’un réacteur nucléaire uranium-graphite. Il essaie de construire cet appareil en 1939, des années avant que la première pile atomique (Chicago Pile-1), conçue par Enrico Fermi, n’atteigne la criticité, c’est‑à‑dire le maintien d’une véritable réaction de fission en chaîne.
Plus tard, Laurence s’associe à des scientifiques européens ayant échappé aux horreurs de la guerre. Les travaux des installations appelées « laboratoire de Montréal » font en sorte que les alliés arrivent à exploiter l’énergie nucléaire avant que les Allemands ne puissent construire un prototype de réacteur efficace. En 1945, Laurence conçoit un réacteur efficace (Zero Energy Experimental Pile [ZEEP]), qui est mis en service à Chalk River (Ontario). Toutefois, contrairement à ceux des Américains, ce réacteur et ses successeurs ne seront jamais utilisés pour créer des armes. Le Canada devient plutôt un leader de l’élaboration d’applications pacifiques des technologies nucléaires.
Les travaux de Laurence sont essentiels à la création d’un monde où l’on combat le cancer et alimente les villes en électricité sans utiliser les ressources naturelles limitées. Laurence décède en 1987 et est intronisé au Panthéon canadien des sciences et du génie en 2010.