Chronique journalistique
Cet article a initialement été rédigé et soumis pour faire partie du recueil de récits d’innovation du projet Canada 150 visant à réunir des témoignages sur l’innovation canadienne en collaboration avec des partenaires de partout au pays. Il a maintenant été intégré au Réseau Ingenium, un portail numérique qui met en vedette du contenu en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
L’opinion tant attendue
Tous ceux et celles qui connaissent les courriers du cœur, les chroniques des Janette Bertrand, Louise Deschâtelets et autres savent sans doute que nos compatriotes anglophones ont aussi leurs confidentes, Dear Abby et Ann Landers. Mais tous ces passionnés du sentiment et des chroniques ne savent peut-être pas que l’origine de ce style journalistique est bel et bien canadienne. Et l’honneur en revient (parmi beaucoup d’autres) à Kit Coleman qui, en 1899, rédigeait dans le journal Toronto Daily Mail une chronique régulière intitulée « Le Royaume des femmes » (Woman’s Kingdom). Bien que destinée à un public exclusivement féminin, on sait que de nombreux hommes en faisaient fréquemment la lecture, avec enthousiasme. Le premier ministre Wilfrid Laurier lui-même aurait avoué à l’époque ne jamais en rater une. Kit Coleman fut instantanément reconnue pour ses conseils donnés avec franchise et sa profonde compréhension de l’âme humaine. Celle qu’on surnomma la « reine de cœur » était aussi une pionnière et une innovatrice infatigable. Elle fut la première femme à être nommée rédactrice d’un journal, la première femme à être accréditée en tant que correspondante de guerre, dans le cadre du conflit hispano-américain à Cuba, et la première présidente du Canadian Women’s Press Club. Avec sa chronique « Chère Kit », qui dépassa les frontières du pays, Kit Coleman est aussi l’ancêtre des chroniqueurs d’aujourd’hui.