Trois choses que vous devriez savoir — Édition d'août
Faites connaissance avec Renée-Claude Goulet, Jesse Rogerson et Kyrke Gaudreau.
Ce brillant trio travaille chez Ingenium, ils sont des conseillers scientifiques, fournissant des conseils d’experts sur des sujets importants en lien avec nos trois musées, soit le Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada, le Musée de l'aviation et de l'espace du Canada et le Musée des sciences et de la technologie du Canada.
Dans cette nouvelle série mensuelle de billets de blogue, les conseillers scientifiques d’Ingenium présentent trois pépites insolites touchant à leur champ d’expertise. Pour l’édition du mois d’août, ils ont abordé les sujets suivants : le changement de perspectives par rapport au système alimentaire canadien, la façon dont la nouvelle technologie révolutionne la surveillance de la circulation aérienne et le rôle majeur que les arbres peuvent jouer dans l’atténuation des changements climatiques.
La surveillance de la circulation aérienne atteint de nouveaux sommets grâce à une nouvelle technologie
Comment les avions font-ils pour se « perdre »? N’avons-nous pas les technologies nécessaires pour éviter ce genre de situation?
Heureusement, maintenant oui, mais ça n’a pas toujours été le cas. Une entreprise canadienne, NAV CANADA, vient tout juste de diriger le développement et le déploiement de la prochaine génération de surveillance de la circulation aérienne : la surveillance dépendante automatique en mode diffusion (ADS-B) dans l’espace. Cette nouvelle technologie rendra impossible la perte d’un avion en vol, peu importe où il se trouve autour de la Terre. Avant de traiter de ce sujet, parlons d’abord de la méthode utilisée actuellement pour suivre les vols commerciaux.
Lorsque vous montez à bord d’un avion et qu’il décolle de l’aéroport, l’emplacement de l’avion et sa direction sont suivis par un réseau de contrôleurs aériens (ATC). Ils vous suivent à l’aide de diverses techniques de surveillance. Premièrement, des ondes radioélectriques sont pulsées dans les airs grâce à des soucoupes au sol. Ces ondes rebondissent sur l’avion et reviennent à leur point de départ. Il s’agit du RADAR conventionnel. Deuxièmement, les avions commerciaux sont munis de transpondeurs, lesquels transmettent des extractions de données de vol pertinentes (identificateur unique, altitude, vitesse sol, etc.) aux récepteurs au sol. Troisièmement, la ADS-B permet aux avions de transmettre leur position GPS aux récepteurs au sol. Ces techniques peuvent être utilisées ensemble ou de façon indépendante.
Malheureusement, ces types de surveillance dépendent entièrement de l’infrastructure terrestre, laquelle est non existante dans les régions très éloignées ou au-dessus des océans. Lorsqu’un avion survole ces régions non surveillées, son emplacement n’est connu que lorsque les pilotes envoient leur position GPS aux ATC de vive voix à l’aide de radios-transmissions à haute fréquence.
Afin de régler ce problème, Aireon, une entreprise détenue majoritairement par NAV CANADA, a créé la toute première ADS-B spatiale, laquelle permet aux avions de transmettre leur position GPS aux ATC par satellites, plutôt que par des récepteurs au sol.
La technologie ADS-B d’Aireon est installée à bord des 75 aéronefs NEXT d’Iridium, un réseau de satellites de télécommunications réparti uniformément partout sur la planète à une altitude de 780 km. Les derniers satellites NEXT d’Iridium ont été lancés au début de 2019 et la technologie d’Aieron est déjà utilisée dans l’espace aérien océanique le plus achalandé du monde : le corridor transatlantique.
Il s’agit d’une énorme avancée en matière de surveillance de la circulation aérienne. Quelle fierté de savoir que le Canada a joué un rôle central dans le développement de cette technologie.
Par Jesse Rogerson
Arbres et degrés : les changements climatiques
En 2016, le monde s’est rassemblé pour signer l’historique accord de Paris, lequel s’engage à limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius, avec un objectif ambitieux de 1,5 degré Celsius. Bien que ces changements de températures puissent sembler faibles, il ne faut pas se leurrer, même une augmentation de 1,5 degré sera dévastatrice. Comme James Temple l’indique dans la MIT Tech Review, « un réchauffement de 1,5 degré Celsius serait déjà suffisant pour exposer 14 % de la population mondiale à de graves épisodes de chaleur intense, faire fondre près de cinq millions de kilomètres carrés (deux millions de miles carrés) de pergélisol arctique et détruire plus de 70 % des récifs coralliens de la planète. » Un réchauffement de deux degrés est donc bien pire. Alors, bien qu’il soit admirable, l’accord de Paris est davantage un plan désespéré pour éviter le pire plutôt qu’un gage de succès.
Il s’avère que le pire approche à grands pas. Un récent article de la revue Nature a démontré qu’un réchauffement planétaire de 1,5 degré Celsius est inévitable en raison de notre infrastructure mondiale actuelle (centrales électriques, systèmes de transport, usines, etc.). Ce qui signifie que même si nous cessions de créer de nouvelles technologies émettrices de gaz à effet de serre dès demain, un réchauffement de 1,5 degré Celsius est ce que nous pouvons faire de mieux. Pour réduire ce chiffre, nous devons fermer les centrales électriques et les industries, et ce, bien avant la fin de leur vie utile. Puisque notre société utilise encore énormément de combustibles fossiles, la situation est plutôt sinistre.
Devant le défi si effrayant et décourageant que représentent les changements climatiques, il est important de se tourner vers la forêt pour ses arbres. Heureux hasard... un récent article de la revue Science soutient que le fait de planter des arbres peut jouer un rôle important dans l’atténuation des changements climatiques, car ils absorbent des milliards de tonnes de CO₂ contenu dans l’air. Nous aurons besoin de beaucoup d’arbres, environ un billion (soit l’équivalent de la surface des États-Unis). Mais nous sommes à l’ère des idées audacieuses. Bien sûr, planter des arbres ne remplace pas la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais cette action peut nous aider à atteindre notre objectif.
Vous voulez lire davantage de pépites scientifiques insolites? Rendez-vous à l’Édition de juillet de « Trois choses que vous devriez savoir ».
Par Kyrke Gaudreau.
Guides et politiques alimentaires : Changement de perspectives au Canada
Les Canadiens en sont maintenant à se familiariser avec le nouveau, bien que controversé, guide alimentaire, que Santé Canada a publié plus tôt cette année. L’objectif du guide alimentaire est d’aider les Canadiens à faire des choix éclairés quant à leur régime alimentaire. Cette nouvelle version élimine de nombreux concepts avec lesquels certains d’entre nous ont grandi comme étant des principes nutritionnels. Les notions de portions et de groupes alimentaires sont révolues. Et on ne mesure plus les tranches de fromage avec des dominos. Grâce à l’illustration qui présente une assiette de nourriture divisée en trois, le nouveau guide alimentaire est plus facile à consulter et moins rigide, ce qui pourrait favoriser l’adoption générale du guide.
Que vous l’aimiez ou non, le guide alimentaire canadien apporte de la nouveauté à la table en comptant maintenant des aspects émotionnels et sociaux d’un repas. En fait, à l’échelle gouvernementale au Canada, nous constatons une ouverture dans la façon de concevoir l’alimentation afin d’inclure non seulement l’aspect fonctionnel, nourrir le corps, mais également d’accueillir l’inclusion de diverses autres facettes de notre vie qui s’entrelacent avec la nourriture.
Ce changement de perspectives se prolonge à un autre organisme gouvernemental qui joue un rôle primordial dans notre système alimentaire : Agriculture et Agroalimentaire Canada. En juin, le ministère a annoncé la première Politique alimentaire du Canada, un ensemble de principes visant à orienter les décisions et les mesures des secteurs public, privé et sans but lucratif, pour créer un système alimentaire plus sain et plus durable. La Politique, qui profite d’un investissement de 134,4 millions de dollars sur cinq ans, présente quatre secteurs d’intervention qui vont au-delà de la « production d’aliments ». Grâce à cette Politique, des investissements sont faits dans l’accès à des aliments sains pour tous les Canadiens, la sécurité alimentaire dans les communautés nordiques et autochtones, la promotion des produits agricoles canadiens et même dans la réduction des déchets alimentaires.
Le déploiement n’est pas encore établi, mais il est intéressant de savoir que le vent commence à tourner lorsqu’il s’agit de notre façon de penser à la nourriture. Une toute nouvelle ère pour le système alimentaire canadien est possiblement à nos portes.
Par Renée-Claude Goulet