Sortir du Tombeau: Deadplay et la préservation des Jeux Vidéo
En septembre 2016, j'ai commencé une maîtrise en histoire publique à l'Université Carleton. Ma recherche était supposée explorer la représentation de la politique étrangère américaine dans les jeux vidéo, mais les choses se sont passées autrement. Pour compléter ce diplôme, j'ai dû effectuer un stage d'été que je fus chanceux de pouvoir faire au Musée des sciences et de la technologie du Canada (MSTC). Puisque ma recherche portait sur les jeux vidéo, on m'a donné un travail connexe. Ma tâche semblait assez simple: commencer à évaluer les logiciels présents dans la collection du musée et écrire un rapport de recherche sur la préservation des artéfacts numériques dès l'origine (c'est-à-dire les objets dont la forme principale et originale est numérique). Je découvris rapidement que, bien que beaucoup avait déjà été écrit sur la préservation numérique, il n'existe toujours pas de méthodologie largement acceptée ou document décrivant les meilleures pratiques pour la préservation de ces artéfacts–en particulier dans un contexte muséal. Il va sans dire que j’avais du pain sur la planche. Lorsque j'ai commencé à lire sur ce sujet, j'ai été marqué par la façon dont James Newman–professeur et instructeur senior en Cinéma, Médias et Informatique Créative à L’Université Bath Spa–a commencé son ouvrage Best Before: Videogames, Supersession and Obsolescence. « Les jeux vidéo sont en train de disparaître, » il écrit : « Non vraiment, ils le sont. » Il explique qu’à cause de la « bit rot », c’est-à-dire la dégradation des supports de stockage et de l’informations qu’ils stockent–et de la dégradation des plateformes (consoles, ordinateurs, etc.) et des périphériques utilisés pour accéder à cette information–les jeux vidéo deviennent éventuellement injouables. De plus, la pratique de l’industrie du jeux vidéo de continuellement développer de nouveaux jeux et de nouvelles consoles cause l’obsolescence des anciens jeux et des anciennes consoles. Plus je lisais, plus je réalisais à quel point Newman avait raison. Cette prise de conscience m'a amené à changer le sujet de ma thèse. À partir de ce moment, j’ai commencé à étudier la préservation du jeu vidéo dans le but de proposer une solution.
« Les jeux vidéo sont des artefacts de notre patrimoine culturel qui méritent d'être préservés . . . Deadplay suggère une première tentative pour s'assurer que les jeux vidéo soient préservés pour de futures études. »
Après mon stage au MSTC, j'ai reçu la bourse de recherche Garth Wilson, ce qui m'a permis de continuer à travailler sur ma nouvelle recherche au sein du musée. J’ai décidé de me concentrer sur deux jeux que j’avais trouvé dans la collection du MSTC lors de mon stage, Joust (n° d’artefact : 2002.0384.001) et Seven Cities of Gold (n° d’artefact : 1995.0822.029), et de développer une méthodologie pour les préserver. Mon premier instinct a été de jouer à ces jeux. Après tout, les jeux vidéo sont conçu pour être joués. Le musée possédait les plateformes de ces jeux, mais il y avait un sérieux problème: elles n’avaient pas été utilisées depuis plus de 25 ans. Les ordinateurs et les consoles de jeux ont des condensateurs qui, s'ils ne sont pas alimentés périodiquement, cours un grand risque d'exploser. Je ne pouvais donc pas jouer à ces jeux au MSTC. L’avertissement de Newman était soudainement devenu tangible et j’ai réalisé à quel point la situation était grave. Je devais faire quelque chose. Je devais empêcher ce que je suis venu à voir comme la mort des jeux vidéo. J’ai alors décidé de commencer à développer une méthodologie capable de préserver les technologies du jeu vidéo et l’acte de jouer à ces jeux.
Mon mémoire de maitrise prend la forme d'un podcast et d'un site Web explorant la préservation du jeu vidéo et qui proposent quelques solutions potentielles à ce problème complexe et pressant. Il s’intitule Deadplay et peut être consulté sur le site Web du projet au www.deadplay.net. Là, vous trouverez les fichiers audios du podcast, son scripte complet, une liste de lectures supplémentaires, et quelques documents complémentaires. Tout cela peut être annoté grâce au programme Hypothes.is que j’ai intégrée au site.
Les jeux vidéo sont des artefacts de notre patrimoine culturel qui méritent d'être préservés. Les jeux vidéo sont à la fois numériques et physiques, inspirent et sont inspirés par d'autres formes de médias, reflètent et sont le produit de nos cultures. Deadplay suggère une première tentative pour s'assurer que les jeux vidéo soient préservés pour de futures études.