Dans les coulisses : un aperçu du quotidien dans les archives d’un musée
Lorsque j’ai commencé mon stage de quatre mois au Musée des sciences et de la technologie du Canada, j’ignorais que j’aurais la chance de travailler dans deux « climats » différents, de visiter chaque province canadienne et de voir un artefact géant traverser le parc de stationnement du musée en roulant. Le quotidien dans un musée réserve parfois des surprises!
Mon aventure haute en couleur au Musée a débuté en janvier 2019, quand j’ai entrepris mon stage dans son service de gestion des collections durant la dernière session de mes études muséales appliquées au Collège algonquin. Pendant mon stage, j’ai beaucoup appris sur le secteur muséal, la conservation des collections d’un musée et la collaboration au sein d’une grande équipe poursuivant un même objectif : préparer la collection du Musée en vue de son déménagement dans le nouveau Centre de conservation des collections. Après mon stage, j’ai commencé à travailler dans les archives. L’équipe responsable des archives avait le même objectif : préparer sa collection en prévision de son déménagement dans le nouveau Centre.
Durant la première semaine que j’ai passée dans les archives, on m’a présenté mes projets pour l’été. Ma tâche la plus importante consistait à inventorier et à emballer les bobines de film de Lignes aériennes Canadien International, qui sont conservées à basse température afin d’empêcher la dégradation chimique de la pellicule. Au cours de l’été, j’ai ainsi inventorié et emballé 382 bobines de film appartenant à cette collection. Vêtue de mon manteau d’hiver, je passais environ dix minutes à la fois dans la salle froide (3,5 ˚C) afin de photographier quelques bobines de film et de noter l’information s’y rapportant dont j’avais besoin pour dresser l’inventaire. Après avoir noté ces renseignements dans le catalogue, je retournais dans la salle froide afin d’emballer de cinq à dix films dans une boîte, en fonction de la taille de cette boîte.
Voici une bobine de film de Lignes aériennes Canadien International. J’ai pris plusieurs photos des bobines afin de pouvoir consigner le plus d’information possible et d’éviter ainsi de devoir demeurer dans la salle froide trop longtemps.
Un des grands livres de la H. K. Porter Company, prêt à être emballé.
Emballer les cahiers des charges de H. K. Porter (de grands cahiers de caractéristiques techniques pour les locomotives construites par la H. K. Porter Company) faisait aussi partie de mes autres tâches. Ces grands livres sont assez volumineux et leur état se détériore. Le cuir aux coins des couvertures présente de la pourriture rouge, causée par les acides présents dans les polluants de l’air. La pourriture rouge donne au cuir une texture poudreuse de couleur brun rougeâtre. L’emballage des grands livres dans du papier exempt d’acide permet d’éviter de répandre la poudre, qui est très salissante. De plus, cela facilite grandement leur manutention pendant la préparation de leur déménagement dans le Centre de conservation des collections.
Série de grands livres de la H. K. Porter Company sur une étagère, emballés et prêts à être transportés au Centre de conservation des collections.
J’ai aussi eu comme autre projet d’emballer les classeurs à cartes géographiques. Dans les archives, on trouve de nombreux classeurs de ce type, qui contiennent des centaines de dessins techniques, de maquettes, de grandes photographies et d’estampes. On entend conserver et déménager la majorité de ces classeurs directement dans le nouveau Centre, tout en laissant leur contenu dans les tiroirs. Nous avons utilisé de la mousse de polyéthylène en plus de papier de soie, de papier et de carton ondulé exempts d’acide pour protéger et immobiliser le contenu des tiroirs afin d’éviter que celui-ci se déplace et soit endommagé quand les classeurs seraient soulevés par un chariot élévateur à fourche.
Le projet des albums du CN progresse; environ un tiers des albums ont été emballés.
Mon dernier grand projet estival a consisté à emballer la collection Le Canada vu par le Canadien National (CN). Il s’agit d’une imposante collection de photographies prises par les employés du CN. La collection comprend des photos prises partout au pays de gares ferroviaires, de gares de triage, de locomotives, de centres de villégiature et d’hôtels et de l’intérieur de voitures ainsi que d’un grand nombre de destinations et d’activités diverses. Les albums de deux travées ont déjà été emballés; on doit encore empaqueter ceux des cinq autres travées. À ce jour, 409 albums ont été emballés.
Voici deux de mes photos préférées parmi celles que j’ai découvertes jusqu’à maintenant dans la collection Le Canada vu par le CN.
Voici deux de mes photos préférées parmi celles que j’ai découvertes jusqu’à maintenant dans la collection Le Canada vu par le CN.
Un autre moment fort de mon été est survenu à l’extérieur des archives, quand j’ai assisté au déménagement de la locomotive CP 1201, qu’on a conduite depuis son installation de stockage jusqu’au nouveau Centre de conservation des collections. C’était très étrange de la voir de mes propres yeux se déplacer, surtout après avoir regardé des photos de trains dans les albums de la collection du CN pendant quelques semaines. Elle a vraiment été à la hauteur de mes attentes.
Quand la plupart des gens pensent au Musée des sciences et de la technologie du Canada, ce sont les trains historiques et la Cuisine bizarre qui leur viennent en tête. Dorénavant, je penserai toujours aux bobines de film, à la salle froide, aux albums du CN, à la locomotive CP 1201 circulant derrière le Musée et aux personnes charmantes avec lesquelles j’ai eu la chance de travailler ces quatre derniers mois. Merci à tout le personnel de la bibliothèque et des archives du Musée pour l’aide et les conseils qu’il m’a offerts cet été!