Aventures de sorties scolaires virtuelles : « Vérifiez l’angle de la caméra, s’il vous plaît! »
Partout dans le monde, les programmes pédagogiques ont dû changer, rapidement, en réponse à la pandémie mondiale. De nombreux éducateurs ont été pris au dépourvu. Ils ont dû modifier le programme établi et installer des outils technologiques pour l’apprentissage virtuel.
Kim Reynolds est l’agente d’éducation et d’interprétation au Musée de l'aviation et de l'espace du Canada à Ottawa. Éducatrice chevronnée à la personnalité pétillante et au rire contagieux, Mme Reynolds est une joueuse importante du développement des sorties scolaires virtuelles du Musée. Dans une joyeuse nouvelle série pour le Réseau Ingenium, elle partage certaines des leçons qu’elle a apprises en cours de route afin d’aider les éducateurs de partout au monde.
En janvier 2021, j’étais à la maison, branchée sur Zoom pour le travail (ou était-ce Google Meet cette journée-là?) pour la formation de quelques incroyables guides du Musée de l'aviation et de l'espace du Canada sur les sorties scolaires virtuelles. Appelons-les Arthur et Meghan (noms fictifs!).
Nous étions au beau milieu d’un autre confinement lié à la COVID dans notre région, mais les guides étaient jugés essentiels et pouvaient entrer dans les salles de classe, suivant une stricte série de mesures, pour la formation et la prestation de nos programmes pédagogiques.
Arthur était en train d’installer certaines expériences que l’on avait prévu de faire avec les enfants, pendant que Meghan vérifiait le micro. Soudainement, je me suis rendu compte qu’en plus d’être une éducatrice et une formatrice, j’étais maintenant une directrice!
Divulgation complète : La direction n’est pas mon domaine de compétence. Je regarde beaucoup de télévision. Dites-moi, qui n’a pas déjà prétendu pouvoir faire mieux après avoir regardé une production véritablement catastrophique? C’est facile d’être « n’importe quoi » de salon! Je suis une actrice et une musicienne, mais je n’ai jamais aimé être derrière la caméra. Quand je suis sur un plateau, je me tiens où on me dit de me tenir, je me déplace quand on me dit de me déplacer, et je m’efforce vraiment de ne pas me cogner la tête... encore (une longue histoire pour un autre article!).
Mais, j’étais là, à regarder l’installation, quand je me suis rendu compte qu’il fallait dire quelque chose... En tant que directrice honoraire, c’était à moi de le faire.
« Aucune prise de vue d’entrejambe, s’il vous plaît! » a beuglé mon Stephen Spielberg intérieur.
Mais, je n’avais pas encore prononcé ces mots à voix haute... encore. Au lieu de ça, mon cerveau a pris une tangente ressemblant un peu à ce qui suit :
Cerveau de Kim : Est-ce que Stephen Spielberg dirait ça? Et George Lucas? Ou est-ce qu’ils auraient même besoin de dire ça? Il y a sûrement des personnes chargées des caméras qui s’occupent de ça... Oh, en passant, quel emploi en lien avec les caméras décide en fait de ce à quoi ressemblent les prises de vue? Ou, n’auraient-ils pas déjà prévu la prise de vue...
Bon... je dois dire quelque chose à ce collègue.
[Je réactive le micro.]
Kim : « Arthur, si tu veux que le groupe voie ton visage, tu pourrais t’asseoir derrière l’aquarium sur la table. »
Cerveau de Kim : C’était bon ça. Très astucieux. Je suis complètement passée à côté de la situation embarrassante et j’ai évité de gêner tout le monde. Bravo.
Arthur : « Um... En fait, je préfère être debout, parce que ce serait très difficile pour moi d’atteindre l’intérieur de l’aquarium au bon angle si je suis assis. J’ai également besoin de voir l’ordinateur portable pour ajuster les paramètres et voir le clavardage s’il y a des questions... »
Cerveau de Kim : Zut. Déjouée.
Kim : « Ok, je comprends. » [Je désactive le micro. Aller cerveau, t’es capable... réfléchis!]
Kim : [Je réactive le micro.] « Ok Arthur, la seule chose c’est qu’avec l’aquarium sur la table, et le fait qu’il est transparent, tu devras t’assurer de vérifier où tu vises la caméra et de tout ce qui se trouve dans la prise de vue. »
[Je désactive le micro et espère que ça ira.]
Arthur : …
Cerveau de Kim : Bon, nous sommes tous des adultes. Mais je ne veux pas gêner personne. Oui, mais ce sera encore plus gênant plus tard... C’est vraiment un moment de « brocoli dans les dents » et il faut [Je réactive le micro.]
Kim : « Ok... Ce que je veux dire, en fait, c’est que je ne veux aucune prise de vue d’entrejambe, s’il vous plaît. »
Arthur : « Bien sûr! » [Ajuste immédiatement la caméra à un angle différent.]
[Pause de petite rigolade semi-nerveuse de tous les côtés.]
Meghan : « Alors, Kim, quand on fait ça dans Zoom, tout est beau. Mais dans Google Meet, on ne peut se voir nous-mêmes et les enfants et la présentation PowerPoint en même temps. Sais-tu comment faire pour régler ça? »
Cerveau de Kim : Ok, prochain chapeau... gourou techno! [Je réactive le micro.]
Kim : « Ok, on a résolu ça l’autre jour quand je donnais la formation à Alice et à Gary. Allons sur Google Meet et je vais vous montrer comment faire étape par étape. Je vous envoie le lien dans un instant. »
Cerveau de Kim : Tu te rappelles comment faire, pas vrai? Ummm, oui... quelque part là-dedans... aller cerveau... même si tu as presque 50 ans et que tu te souviens de la vie avant les ordinateurs. T’es capable! 50 est le nouveau 30, non? Tu vas y arriver!
[Fin de la scène]
Mise en scène d'une session de formation de guides pour la programmation virtuelle du Musée de l'aviation et de l'espace du Canada.
Alors, pourquoi ai-je écrit cette anecdote amusante? Tout d’abord, j’espère que ça vous a fait sourire! Par ailleurs, je voulais partager ce que j’ai tiré de cette expérience.
Premièrement, j’ai appris que lorsqu’on prend un programme scolaire habituellement présenté en personne et qu’on décide de le faire sur vidéo, il faut vraiment penser comme si on produisait une émission de télévision. Alors qu’auparavant on demandait à un groupe de se tenir ou de s’asseoir à un endroit spécifique pour bien voir le guide (et où ces personnes avaient une certaine autonomie pour se placer afin de pouvoir voir), maintenant on doit songer à notre public et tenter d’organiser les choses pour qu’il ait le meilleur point de vue possible. Les gens ont beau déplacer leur ordinateur portable, ça ne changera rien à leur point d’observation de nos expériences!
Bien sûr, j’ai beaucoup appris sur Zoom et Google Meet ainsi que sur la création de liens, l’épinglage de haut-parleurs et la façon de faire pour qu’une présentation PowerPoint occupe tout l’écran. Mais, par-dessus tout, j’ai appris que le lien le plus fort est notre humanité. C’est correct d’être humain, d’avoir de bonnes et de mauvaises journées, d’être stressés, de rire, de faire des erreurs, et de demander de l’aide.
Dans un monde où il est courant pour les gens de porter des masques métaphoriques, particulièrement au travail, nous sommes plus forts lorsque nous retirons ces masques (même lorsque nous en portons des vrais!) et travaillons ensemble en tant que magnifiques êtres humains.
Dans le prochain article de la série « Aventures de sorties scolaires virtuelles », Kim Reynolds nous présente deux incroyables guides de musée qui ont participé à la conversion d’un programme pédagogique populaire en format virtuel.
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