Aventures avec le G-AKDN - Chapitre 7
Les Prairies respirent le bonheur au printemps, mais nous n’étions pas très heureux de voir l’esquisse en peinture du Chipmunk sur le sol du hangar, sous le KDN. Pendant que nous essayions de décider ce qu’il fallait faire à propos de la peinture, nous sommes allés voler. James était aux commandes et j’occupais le siège arrière pour cette envolée de ma piste à Saskatoon. Au moment où il s’est mis en palier et a commencé à accélérer, j’ai remarqué que la toile sur l’aile droite avait commencé à se replier du bord d’attaque intérieur! James a immédiatement ralenti à la vitesse minimale, et nous sommes revenus tant bien que mal à mon terrain d’aviation.
La publicité indiquait que le Chipmunk était le premier appareil de formation de la société de Havilland entièrement fabriqué de métal, ce qui est bizarre, parce que la moitié de l’aéronef est recouverte de toile. Peut-être voulait-on indiquer qu’il n’y avait pas de bois dans sa structure. Qui sait? Nous avions un appareil dont la couverture de toile devait de toute évidence être refaite à neuf. Presque tout le recouvrement de toile était intact, mais, à quelques endroits critiques, comme à la jonction du bord d’attaque, la disposition était particulièrement complexe et donc vulnérable à l’usure. Avec l’aide d’un expert, nous avons procédé aux réparations de façon à pouvoir passer l’été, le temps d’envisager d’autres options. Le coût du recouvrement de toile était substantiel, malgré le fait que nous nous occupions nous-mêmes de la majeure partie du travail.
Durant cette même période, nous avons réexaminé nos possibilités d’immatriculer l’aéronef au Canada, auprès de Transports Canada. Nous avions conservé l’immatriculation britannique G-AKDN qui l’identifiait depuis le premier jour de sa carrière opérationnelle. Pour pouvoir conserver cette immatriculation, il fallait qu’un résident du R.-U. en soit copropriétaire. Phil Derry était heureux de maintenir sa participation à titre d’actionnaire minoritaire et de conserver à son nom l’immatriculation britannique. Nous étions également enchantés du fait que Graham Fox, de Bagby, avait accepté de venir au Canada pour effectuer nos inspections annuelles. Pour notre plus grand bonheur, Graham était féru de chasse et était enthousiaste à l’idée de mener de belles expéditions pour chasser le gros gibier dans le Grand Nord blanc.
Comme nous l’avons constaté plus tard après des recherches de plus en plus approfondies sur le certificat de type et l’histoire de l’avion, il n’était pas nécessaire d’obtenir une immatriculation canadienne. Avec le concours de Phil et de Graham, il nous était possible de maintenir l’identité et la tradition du KDN, et de continuer à le faire voler comme depuis sa construction en 1947. Cette décision nous a permis de concentrer nos efforts sur les plans de renouvellement du recouvrement de toile, et aussi sur l’apparence de la finition ultime. Nous avons trouvé de nombreuses photos illustrant le rôle du KDN dans les essais d’évaluation de l’Aeroplane and Armament Experimental Establishment (A & AEE), de même qu’une certaine quantité d’images de l’appareil durant la période qu’il a passée à la London School of Flying et aussi à participer à des courses aériennes. Nous avons décidé de préserver son apparence dans la mesure du possible, et de ne remplacer que la toile. Nous allions décaper toute la peinture et exposer l’aluminium d’origine, puisque c’est ainsi qu’il se présentait à la sortie de l’usine pour son expédition en Angleterre. Il arborait une bande vert foncé aux bords de couleur crème qui s’étendait le long du fuselage et se recourbait sur le nez. Cette ligne s’interrompait de chaque côté de l’arrière du fuselage par l’inscription des lettres d’immatriculation en vert et crème. Les gigantesques lettres d’immatriculation en vert et crème figuraient également sur la partie supérieure et inférieure des ailes. L’aluminium poli était d’une vive couleur argent, et la toile était aussi peinte de couleur argent au fini satiné.
Nous avions désormais pour objectif de préserver l’appareil dans sa condition d’origine autant que cela était possible, en respectant ses racines et en permettant aux gens de voir ce qu’il était, et est toujours — un magnifique aéronef de conception canadienne qui représente le début de la dynastie des avions de la société de Havilland Canada. Mais, pour commencer, nous avons dû le démanteler à nouveau, retirer toute la toile et décaper la peinture pour exposer ce qui se cachait dessous.
À suivre...