Aventures avec le G-AKDN - Chapitre 1
Nous volons à plein régime, effectuant un virage à gauche de 2 G à 60 degrés d’inclinaison, à une altitude de quelque 150 mètres au-dessus de la verdoyante campagne anglaise. Je surveille attentivement deux aéronefs volant à seulement quelques mètres devant moi. Leurs turbulences de sillage perturbent un peu mes commandes. Le coin de mon œil capte un éclair violet. Un autre appareil nous dépasse du côté extérieur du virage, et lorsque je regarde vers la gauche pour le voir, ma vue s’aligne presque en ligne droite avec le soleil de ce début d’après-midi. Et ce n’est pas la chaleur du soleil qui m’a fait transpirer, mais plutôt les quelques secondes excitantes qui se répètent durant cette course de 30 virages sur un parcours de 160 kilomètres. Comment ma femme Karen et moi-même avons-nous abouti au milieu d’une course aérienne en Angleterre aux commandes d’un aéronef canadien d’époque?
Ayant grandi dans les Prairies canadiennes auprès d’un père qui avait volé dans l’aéronavale de la Marine royale durant la Deuxième Guerre mondiale, j’ai développé une fascination pour les avions à un très jeune âge. Mon domicile à Regina, en Saskatchewan, était situé à proximité d’une base de l’Aviation royale canadienne, et nombre d’appareils de formation jaunes et d’avions à réaction argentés sillonnaient constamment le ciel au-dessus de nous. C’était l’époque faste de l’aviation. Un grand nombre d’aéronefs de la Deuxième Guerre mondiale étaient encore utilisés, et la conception de nouveaux appareils était en cours. Je pouvais identifier le type d’appareil qui volait au-dessus de moi par le seul bruit de son moteur. Mon père nous emmenait, tous ses enfants, à l’aéroport chaque fois qu’un appareil unique ou différent devait atterrir. J’ai construit beaucoup de miniatures en balsa et en plastique. Mes appareils favoris étaient le Sopwith Camel et l’Albatros, ainsi que le Spitfire, tous de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale.
Un type d’appareil en particulier a toutefois attiré mon attention chaque fois que l’un d’eux flottait en solitaire ou qu’une grande formation de ces aéronefs grondait dans l’immensité de notre ciel de la Saskatchewan. Il s’agissait d’un petit appareil au fuselage élancé d’un jaune brillant, surmonté d’une verrière en forme de bulle. Mon père m’a indiqué que c’était le nouvel appareil d’entraînement qui remplaçait le Tiger Moth avec lequel il avait reçu sa propre formation. C’était le Chipmunk de de Havilland. Même le nom m’a plu. C’était le type d’appareil qu’un jeune garçon pouvait rêver de piloter un jour.
À suivre...