À la rencontre d’une guide du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada
Les musées d’Ingenium sont actuellement fermés en raison de la pandémie de la COVID-19, mais nous aimerions vous présenter l’une des binettes sympathiques qui y accueilleront les visiteurs dès leur réouverture. Si vous avez visité le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada dans les dernières années, vous avez probablement croisé Marie-Josée Ménard, qui y travaille comme guide à temps plein. Son emploi, qui est amusant et la tient bien occupée, nécessite une bonne capacité d’adaptation. Le Réseau Ingenium s’est entretenu avec Marie-Josée (ou M.-J., comme on l’appelle affectueusement au Musée) pour découvrir sur ce que ça prend pour être une excellente guide.
Marie-Josée Ménard (à droite) aide deux jeunes visiteurs dans le cadre d’une activité au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
Réseau Ingenium (RI) : À quoi ressemble une journée typique pour vous au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada?
Marie-Josée Ménard (M.-J.) : Ma matinée débute par une vérification de toutes les vidéos et de tous les écrans interactifs du Musée, y compris le F-16 et le Redbird, pour m’assurer qu’ils sont en bon état de marche. Ensuite, je me joins à mes collègues guides pour notre réunion quotidienne. On nous remet l’horaire de la journée et on nous informe de la tenue d’activités spéciales, de la venue de groupes et de demandes ou directives particulières pour la journée.
Après l’ouverture du musée, je parcours les lieux et je parle aux visiteurs et aux bénévoles. Je renseigne les visiteurs sur la collection du Musée et je m’efforce à répondre à toutes leurs questions… mais certaines sont vraiment difficiles! On propose quotidiennement des activités, comme des visites du Musée et du hangar de la Réserve, de même que des démonstrations. Chaque journée est différente, mais habituellement, je fais deux des visites ou des démonstrations. Lorsqu’un groupe scolaire vient pour un programme éducatif, je peux être choisie pour le donner. Les fins de semaine sont un peu différentes… nous avons des visites pour enfants, des fêtes d’anniversaire et des activités « vol de nuit », dans le cadre desquelles un groupe (scouts, guides, cadets ou classe d’élèves) participe à un programme et passe la nuit ici, au Musée.
Tout au long de la journée, je fais des petites tâches : ranger l’aire de jeu, installer des tables et des chaises, et informer les groupes des règlements qui ont cours à l’intérieur du Musée. Je demande souvent aux visiteurs de ne pas toucher aux avions – certains ont plus de 100 ans!
Le brigadier-général Lee, à gauche sur la photo, a piloté le Lancaster du Musée. Il a notamment eu pour passagère la reine d’Angleterre.
RI : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail de guide?
M.-J. : J’aime la diversité de mon travail, les gens et, bien sûr, notre fascinante collection. C’est comme parcourir l’histoire au quotidien! J’adore le fait que mon travail me permette de rencontrer des gens de toutes les couches de la société. J’ai eu la chance de rencontrer le brigadier-général Lee, maintenant âgé de plus de 90 ans, qui a transporté la reine d’Angleterre au Canada pour ensuite la ramener dans son pays il y a une soixantaine d’années, dans le Lancaster du Musée.
Une autre fois, j’ai rencontré un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui m’a relaté une anecdote épouvantable qu’il a vécue dans un Lancaster en rentrant au Canada. Les soldats étaient tous assis dans le fuselage, côte à côte, les pieds sous le rayonnage métallique. Chacun leur tour, ils s’installaient en position centrale pour regarder dehors et s’étirer les jambes. Quand son tour est arrivé, il a remarqué une fuite de liquide d’un moteur sur l’aile gauche, alors il l’a signalée. Lorsque son tour est revenu, l’aile droite coulait abondamment, ce qu’il a aussi signalé. L’équipage a donc décidé de rebrousser chemin vers une île et a communiqué par radio avec l’île, où il y avait un détachement américain et un détachement britannique, pour demander la permission d’atterrir immédiatement. Les Américains ont refusé, puisqu’ils avaient des avions qui s’apprêtaient à décoller, mais les Britanniques ont accepté! L’équipage de l’avion a répondu : « Eh bien, nous allons nous écraser, alors nous voici! » L’appareil endommagé a atterri d’urgence dans le champ. Le pilote savait qu’il ne devait pas freiner pour ne pas faire renverser l’appareil. Le Lancaster a fini sa course sur le rivage d’un lac et tous s’en sont tirés indemnes. C’est alors qu’ils sont entrés en état de choc et qu’ils se sont mis à trembler comme des feuilles.
Marie-Josée Ménard, vêtue d’un déguisement, accueille les visiteurs dans le cadre d’une activité au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.
RI : Qu’est-ce qui vous a préparée à la carrière de guide de musée?
J’ai grandi sur des bases militaires, alors en fait, j’ai vu voler certains des avions de la collection du Musée et j’en ai même vu un s’écraser. J’ai été éducatrice et enseignante suppléante avant de devenir guide au Musée.