Plonger dans le travail de musée : La vie d’une stagiaire d’été
Lorsque je suis arrivée à Ottawa il y a environ trois mois pour travailler comme stagiaire d’expositions au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mon bref séjour au Musée s’est avéré plus intéressant et plus riche que je ne l’aurais jamais imaginé : j’ai produit des comptes-rendus de dommages, je me suis « infiltrée » parmi les visiteurs dans le cadre d’une enquête interne et j’ai même construit un avion avec une frite de piscine! Mais avant que je vous raconte tout cela en détail, permettez-moi de vous expliquer la vraie raison de ma présence au Musée.
Ce stage constitue un élément important de ma formation muséale formelle. Il s’inscrit dans le cadre du certificat d’études supérieures en gestion muséale et en mise en valeur du patrimoine que je termine au Fleming College à Peterborough, en Ontario. Ce programme qui offre beaucoup d’expériences pratiques m’a permis d’aller au-delà des lectures et de la théorie des cours et de me livrer à un véritable travail muséologique. Mon stage d’été au Musée m’a donné une autre occasion d’acquérir de l’expérience dans des conditions réelles : j’ai réalisé des projets pour le Musée et travaillé avec divers spécialistes de musée, entre autres avec le personnel chargé des expositions, de la programmation et de la conservation.
Évaluation des dommages
En tant que stagiaire au Musée, j’ai bien sûr consacré la majeure partie de mon stage à des projets liés aux expositions. L’un de mes premiers projets consistait à évaluer l’importance des dommages subis par les panneaux explicatifs. Je recherchais tout type de dommage, comme des salissures, des marques, des enfoncements, des déchirures, des taches et des signes de décoloration, tout en évaluant leur incidence sur la lisibilité. Déambuler dans les salles tout en regardant les panneaux semble être une tâche plutôt simple et facile — n’est-ce pas ce que font tous les visiteurs d’un musée? En fait, ce travail méticuleux a exigé beaucoup de temps. Le Musée compte de nombreux panneaux, et je les ai presque tous examinés, depuis les étiquettes des artefacts jusqu’aux panneaux expliquant comment utiliser les installations interactives. Il faut faire preuve d’une bonne dose de patience et d’un grand souci du détail afin de produire une analyse exacte des panneaux pour l’équipe des expositions.
Mission d’infiltration
Mon deuxième grand projet avait pour but d’étudier les visiteurs, particulièrement ceux des sections du Musée consacrées à la Seconde Guerre mondiale et au Programme d’entraînement aérien du Commonwealth. Il s’agissait en quelque sorte d’une mission d’infiltration : j’observais les visiteurs pour savoir quels artefacts ils regardaient, quels panneaux ils lisaient et quelles installations interactives ils utilisaient. J’admets volontiers qu’espionner et suivre les visiteurs peut paraître louche, mais rassurez-vous : je ne me cachais pas dans les recoins sombres du Musée! Je me promenais tout simplement dans l’espace d’exposition avec les visiteurs et je notais comment ils parcouraient l’exposition. Les résultats de cette étude permettront au personnel de savoir quels éléments suscitent le plus d’intérêt chez les visiteurs.
Charlotte Clemens prête à observer les visiteurs dans la section du Musée consacrée à la Seconde Guerre mondiale.
Parallèlement à ces projets de grande portée liés aux expositions, j’effectuais une variété de tâches simples, telle la recherche d’images pour l’équipe de conservation. J’ai notamment ou donc cherché des images de la mission Apollo 11 pour une présentation consacrée l’alunissage et fouillé dans de vieilles publicités d’Air Canada en vue d’une nouvelle exposition. Ces tâches faisaient appel à deux méthodes de recherche différentes. Pour les images de l’alunissage, j’ai parcouru les archives en ligne de la NASA, alors que pour le matériel d’Air Canada, j’ai pu examiner attentivement des documents papier délicats conservés dans des livres et des chemises. Effectuer cette recherche en ligne aurait certes été plus efficace, mais il s’agissait d’une occasion unique de voir ces documents en vrai et de travailler avec des dossiers et artefacts authentiques.
Bulles géantes et avions en frites de piscine
J’ai effectué un petit nombre de tâches qui n’étaient pas liées aux expositions pour le personnel du Musée chargé de la programmation. Pour les camps d’été, j’ai préparé un dossier d’activités en prévision de jours pluvieux, dans lequel on trouvait des instructions pour des bricolages et des fiches de jeux (dont plusieurs classiques consistant à relier des points, à trouver les mots manquants et à chercher les mots cachés). Pour les importantes célébrations de la fête du Canada au Musée, j’ai organisé une course à obstacles pour les enfants en plus d’ateliers de bricolage et d’autres activités. Après avoir passé un bon moment assise à mon bureau à chercher des idées et à rédiger des instructions pour ces activités, je me suis éloignée de mon ordinateur pour tester quelques-unes d’entre elles. Non, ce n’était pas qu’un prétexte pour aller m’asseoir dans la cour du Musée afin de faire des bulles géantes avec des cerceaux de hula-hoop ou de fabriquer des avions avec des frites de piscine, des bâtonnets de bois et des épingles à linge — même si je me suis vraiment amusée à le faire! Si je voulais tester plusieurs de ces activités, c’était pour m’assurer que leurs instructions étaient suffisamment claires pour le personnel qui allait les animer.
J’ai passé un été passionnant et bien rempli, grâce à ces deux projets de programmation et à mon travail avec le personnel chargé de la conservation et des expositions. La durée de mon stage n’est toutefois pas indéfinie. Ce sera bientôt la fin de mes activités de création de bulles et de construction d’avions, de mes recherches dans les collections et de mes autres projets liés aux expositions. Tandis que je termine mon stage — la dernière exigence que je dois remplir pour obtenir mon certificat d’études supérieures —, je réfléchis au fait que je devrai bientôt me chercher un emploi à temps plein. Ce stage s’est révélé un élément très important de ma formation en vue d’une carrière éventuelle dans un musée. Je me sens privilégiée d’avoir eu la chance de nouer des liens sur le terrain, de bénéficier de conseils utiles et d’acquérir de l’expérience auprès d’une institution nationale. Quelle merveilleuse façon de vivre ma dernière session en tant qu’étudiante!