« Voler pendant une éclipse, d’un point de vue de pilotage, n’est qu’un travail ordinaire; » Ou, Comment le Corps d’aviation royal canadien a capturé l’éclipse totale de soleil du 24 janvier 1925 – et quelques trucs en plus sur cet événement, partie 1
Salutations, ami(e) lectrice ou lecteur, et bienvenue dans un autre numéro de notre inéclipsable blogue / bulletin / machin. Les savoureux mets d’aujourd’hui sont de nature à la fois astronomique et aéronautique. Si, si, ils le sont.
Saviez-vous que, il y a 100 ans ce mois-ci, une éclipse totale de Soleil a plongé une bande étroite, large d’environ 160 kilomètres (environ 100 milles), je pense, du sud de l’Ontario dans une obscurité plus ou moins totale pendant une période d’au plus 2 minutes environ, si cela, et cela vers 9 heures du matin?
Vous n’aviez jamais entendu parler de cette éclipse totale de Soleil?! Sérieusement? Je suis choqué et consterné! Qu’est-ce que les enfants apprennent à l’école depuis des décennies? Des connaissances scientifiques et technologiques, accompagnées bien sûr d’une sorte de contexte historique, devraient être présentes chaque jour de chaque semaine, mais je digresse. Je n’avais jamais entendu parler de cette éclipse non plus, soit dit en passant, ce qui prouve encore plus mon point de vue.
Votre humble serviteur osera-t-il suggérer qu’une infime minorité de personnes puissantes ne s’inquiète pas du fait que la grande majorité des gens n’est pas familière avec les connaissances scientifiques et technologiques parce que cette absence de familiarité leur permet de répandre des mensonges et de la désinformation? Trop controversé, vous dites (tapez?), ami(e) lectrice ou lecteur prudent(e)? Vous avez probablement raison. Je n’oserai pas. N’empêche que vous n’êtes pas drôle, vous savez.
S’il est vrai que l’éclipse totale de Soleil du 24 janvier 1925 est brièvement mentionnée dans des journaux canadiens au plus tard en janvier 2924, euh, 1924, désolé, les premiers articles dont les titres incluent réellement le mot éclipse ne paraissent qu’en août. Leur source étant américaine, aucune mention n’est faite de l’endroit où on pourrait aller la voir en sol canadien.
Les premiers articles mentionnant de bons endroits canadiens comme Toronto, Ontario, Kingston, Ontario et Hamilton, Ontario, paraissent quelques jours après la mi-septembre. Un des journalistes souligne que, comme elle se produirait peu après le lever du soleil, l’éclipse ne serait pas trop inconvéniante pour les résidentes et résidents de ces villes.
Une inconvénience, un événement glorieux comme une éclipse totale de soleil?! Quel ignare, quel abruti! Désolé, désolé.
Des articles un peu plus détaillés commencent à paraître au cours de la seconde moitié de novembre 1924. Leurs auteurs soulignent que la ligne de totalité traverserait le ciel près de Hamilton. Des villes comme Ottawa, Ontario, et Montréal, Québec, seraient légèrement en dehors de cette zone. Dans ces villes, la Lune devrait bloquer environ 95 % de la lumière du Soleil au lieu de 100 %.
Incidemment, la lumière du Soleil serait légèrement atténuée au sud jusqu’au nord du Brésil et au nord jusqu’au sud du Groenland, une île hénaurme qui appartient au Danemark, si, si, au Danemark.

La vaste zone dans laquelle l’éclipse totale de Soleil du 24 janvier 1925 est au moins partiellement visible. Anon., « Where The Eclipse Will Be Seen this Morning. » The Charlotte Observer, 24 janvier 1925, 1.

Un astronome canadien renommé et directeur de l’Observatoire fédéral, Robert Meldrum Stewart, Long’s Corners, Ontario, janvier 1925. City of Toronto Archives, 4469.
Un astronome canadien renommé et directeur de l’Observatoire fédéral, à Ottawa, Robert Meldrum Stewart, projette d’envoyer certains de ses gens dans la péninsule du Niagara, en Ontario, et dans des points au sud de celle-ci, en sol américain, et ce pour observer l’éclipse et recueillir des données.
Remarquez, Stewart décide apparemment d’envoyer une petite équipe à Long’s Corners, un hameau situé près de Hamilton, un des meilleurs endroits au Canada pour observer l’éclipse et recueillir des données sur les changements, le cas échéant, du champ magnétique terrestre.
Parlant (tapant?) de mesures magnétiques, Stewart espère que les automobilistes resteraient bien loin de Long’s Corners, un hameau situé sur une route achalandée, pendant l’éclipse. Comme vous l’avez peut-être imaginé, les arrivées et départs fréquents d’automobiles remplies de gens espérant assister à l’événement perturberaient grandement ses très sensibles instruments.
Un autre astronome / physicien / professeur canadien de renom, Clarence Augustus Chant, basé au Department of Astronomy de la University of Toronto de… Toronto, un gentilhomme également connu comme le père de l’astronomie dans le Dominion, prévoit de se trouver dans un endroit isolé à Long’s Corners. Un jeune astronome canadien du même département, Reynold Kenneth Young, serait également présent, avec quelques assistants. Cette équipe prévoit de photographier l’éclipse, si le ciel n’est pas trop nuageux, bien sûr.
Un des outils que les gens de l’équipe du Department of Astronomy prévoient d’utiliser est une caméra d’environ 13.7 mètres (environ 45 pieds) de long équipée d’objectifs très puissants. Je ne plaisante pas.
Soit dit en passant, Chant est mentionné dans quelques numéros de notre stellaire blogue / bulletin / machin, et ce depuis avril 2019.
Et oui, la position du Soleil dans le ciel serait plus basse que ce qui est souhaitable pour un travail précis.
Il est également à noter qu’une petite équipe du Department of Engineering Physics and Photography de la University of Toronto doit s’installer à Long’s Corners. À sa tête se trouve l’ingénieur / professeur canadien George R. Anderson. L’équipe prévoit de mesurer les changements d’éclairement au fur et à mesure de la progression de l’éclipse, et ce pour le compte d’une organisation américaine, l’Illuminating Engineering Society.
Quoi qu’il en soit, la construction d’un abri en bois recouvert de papier goudronné commence à Long’s Corners en décembre 1924. Les ouvriers construisent également un trio de piliers en béton qui serviraient de bases aux instruments des scientifiques. Les conditions hivernales ne facilitent pas la tâche de ces travailleurs, ni des scientifiques.
Croiriez-vous, par exemple, que quelques jours avant l’éclipse, Chant, alors âgé de presque 60 ans, doit parcourir dans la neige une partie des quelque 11 kilomètres (environ 7 milles) qui séparent son hôtel de Hamilton de Long’s Corners parce que ni son automobile ni les autocars circulant dans la région ne peuvent franchir les congères? Oh, jour heureux!
Pour s’assurer qu’ils parviendraient à temps à leurs instruments, Chant et son équipe passent la nuit du 23 au 24 janvier 1925 à Long’s Corners. Stewart et un collègue, un autre Canadien, l’ingénieur radio et électricien / opérateur radioamateur / pilote privé Judson Pulford « J.P. » Henderson font de même. Ils dorment en fait dans une tente. Ce que des gens font pour la science…
Avant que je ne l’oublie, une petite équipe du Department of Mathematics and Astronomy de la University of Western Ontario de London, Ontario, une équipe dirigée par le chef de ce département, le mathématicien canadien Harold Reynolds Kingston, s’installe dans cette ville peu de temps après.
Incidemment, la première photographie réussie d’une éclipse totale de Soleil connue de la science est prise le 28 juillet 1851, au Sternwarte Königsberg, un observatoire astronomique / centre de recherche rattaché à la Königliche Albertus-Universität zu Königsberg in Preußen de Königsberg, Prusse, et ce par Johann Julius Friedrich Berkowski, un photographe local de renom engagé pour l’occasion.
Cette photographie est en fait un daguerréotype, le terme utilisé pour identifier le procédé utilisé pour la créer.
Ce que la doxa semble oublier, c’est qu’un célèbre astronome / géodésien sarde, le directeur de l’Osservatorio del Collegio Romano rien de moins, le jésuite Angelo Secchi, ne prend rien de moins que 3 daguerréotypes du Soleil lors de cette même éclipse du 28 juillet 1851, et ce à Rome, États pontificaux. Et ce n’est pas tout.
L’inventeur et pionnier américain de la photographie John Adams Whipple et l’astronome américain George Phillips Bond prennent eux aussi un daguerréotype ce 28 juillet 1851, et ce à l’observatoire de Harvard University, à Cambridge, Massachusetts. De toute apparence, l’astronome autrichien Francesco Malacarne prend également au moins un daguerréotype ce jour-là, à Venesia / Venezia / Venise, Empire d’Autriche.
Ce même jour, à Paris, France, deux photographes du nom de Vaillat et Thompson travaillent sous la supervision de l’inventeur / opticien sarde Paolo Ignazio Pietro Porro pour prendre des images en utilisant une sorte de procédé photographique.
Ces gentilshommes sont-ils les premiers à capturer une éclipse solaire, ne serait-ce qu’en partie? Et non, ami(e) lectrice ou lecteur avisé(e), votre humble serviteur n’aurait pas posé cette question s’ils avaient en fait été les premiers à réaliser cette prouesse.
Voyez-vous, le physicien autrichien Giovanni Alessandro Majocchi prend quelques daguerréotypes pendant l’éclipse totale de Soleil du 8 juillet 1842, à Milano / Milan, Empire d’Autriche. Enfin, en fait, il ne réussit à capturer que des images avant et après la totalité.
Ceci étant dit (tapé?), un scientifique / inventeur français du nom de Marc Antoine Gaudin affirme que, au début des années 1830, en utilisant un procédé quelque peu similaire mais moins avancé que celui utilisé par Berkowski ainsi qu’une petite lunette astronomique, il avait réussi à capturer au moins une image d’un croissant solaire pendant une éclipse totale de Soleil, peut-être celle du 27 juillet 1832. L’image se révèle toutefois instable et doit être protégée avec un filtre.
Maintenant, la triste vérité est que je ne peux pas dire avec un degré de certitude si Majocchi ou Gaudin sont les premiers à capturer une éclipse solaire, ne serait-ce qu’en partie.
Et oui, votre humble serviteur est bien conscient que Milan, Rome et Venise sont situées en Italie en 2025. En 1851, toutefois, ce pays européen n’existait pas encore. Secchi et Porro ne sont pas nés sur l’île de la Sardaigne, par exemple. Nenni. Ils sont nés dans des endroits qui se trouvent dans les états du roi de Sardaigne en 1851.
Soit dit en passant, la première trace écrite d’une éclipse de Soleil connue de la science date de 1226 avant l’Ère commune (AEC), du 6 mai 1226 AEC peut-être. Elle est notée à Yīn, près de l’actuelle Anyáng, Chine, par des astronomes / astrologues travaillant pour le roi de la dynastie Shāng / Yīn qui règne à l’époque.
Un examen approfondi des informations recueillies par ces astronomes / astrologues au cours de 5 éclipses réparties sur une période d’environ 65 ans conduit des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) à conclure, dans les années 1980, que la rotation de notre grosse bille bleue a ralenti de 0.047 seconde par jour au cours des 32 derniers siècles.
Votre humble serviteur a-t-il besoin de mentionner que la NASA est mentionnée à moult reprises dans notre éblouissant blogue / bulletin / machin, et ce depuis mars 2018? C’est ce que je pensais.
Incidemment, une éclipse totale de Soleil qui a lieu le 28 mai 585 AEC peut, je répète peut, être la première à être prédite, et ce par le célèbre philosophe naturel ionien Thalễs ho Milếsios / Thalès de Milet.
Il se trouve que l’éclipse a lieu alors que des armées des rois de Lydie et Médie combattent dans la région nord-est de l’actuelle Turquie. Les personnes responsables sont tellement choquées par l’obscurité soudaine, de toute évidence un signe qu’un ou quelques-unes de leurs divinités sont en colère, qu’elles mettent fin au combat et entreprennent de mettre fin à leur conflit qui durait depuis environ 6 ans.
Le problème avec cette histoire, c’est que personne n’a encore été capable de comprendre comment Thalès aurait pu prédire l’éclipse. En outre, le roi mède mentionné dans les textes anciens était mort depuis une dizaine d’années au moment de la bataille. De plus, l’heure de l’éclipse, au crépuscule, ne correspond pas aux règles de combat du début du 6ème siècle AEC.
Compte tenu de tout cela, il est suggéré que ce que les armées lydiennes et mèdes voient est en fait l’éclipse lunaire des 3 septembre 609 AEC ou 4 juillet 587 AEC, ce qui pourrait bien signifier que Thalès n’a rien prédit du tout, mais revenons à notre histoire.
Un astronome amateur canadien / ministre protestant bien connu, Daniel Brand Marsh, devait laisser ses paroissiennes et paroissiens dans la colonie britannique des Bermudes, temporairement bien sûr, afin d’observer l’éclipse, et ce en utilisant l’équipement du célèbre observatoire mis en place à Hamilton par un calligraphe / conseiller en brevets / enseignant / homme d’affaires / inventeur / juge de paix et astronome amateur de renom canadien écossais, William Bruce, alors âgé de… 91 ans.
Comme les choses s’avèrent, Marsh et sa petite équipe s’installent sur le campus de Yale University à New Haven, Connecticut, quelques jours avant l’éclipse, mais revenons à notre histoire. Encore une fois.
Les premières mentions d’une tentative d’observation de l’éclipse de janvier 1925 à partir d’une machine volante que votre humble serviteur ait pu trouver dans les journaux nord-américains sont publiées au début de décembre 1924.
Le United States Army Air Service accède vers cette époque à une demande en ce sens soumise par un éminent astronome américain / professeur émérite au Amherst College, à Amherst, Massachusetts, David Peck Todd. L’aéronef devait parcourir environ 650 kilomètres (environ 400 milles) afin de prendre autant de photographies que possible de la couronne solaire.
Refusant d’être éclipsée par la United States Army, la United States Navy indique qu’elle prévoit d’utiliser un de ses deux gigantesques dirigeables rigides, le USS Shenandoah ou le USS Los Angeles, pour transporter une petite équipe de scientifiques et son équipement. Cette équipe étudierait également la couronne solaire, entre autres choses.
Une des choses que les scientifiques comptent rechercher est la confirmation de l’existence ou non d’un mystérieux élément gazeux provisoirement appelé coronium.
Ce dernier, qui serait plus léger que l’hydrogène, est détecté pour la première fois dans la couronne solaire par deux astronomes / professeurs américains, à Burlington, Iowa, par Charles Augustus Young du Dartmouth College et à Des Moines, Iowa, par le commandant William Harkness du United States Naval Observatory, et ce lors de l’éclipse totale de Soleil du 7 août 1869.
Pour répondre à la question qui se condense peut-être dans votre petite caboche, la couronne solaire est la couche la plus externe de l’atmosphère de notre étoile. Elle est normalement obscurcie par l’éclat du Soleil mais peut être vue lors d’une éclipse totale, ou si un télescope est équipé d’un instrument appelé coronographe.
Il convient de mentionner qu’un autre élément putatif est observé lors d’une éclipse totale de Soleil qui a lieu le 18 août 1868, et ce par un astronome français. Pierre Jules César Janssen ne rend cependant pas publique cette observation. L’astronome / professeur anglais Joseph Norman Lockyer fait une observation similaire en octobre. Convaincu d’avoir découvert un nouvel élément, il le baptise hélium.
Incidemment, l’hélium est détecté pour la première fois sur notre grosse bille bleue par le directeur de l’Osservatorio Vesuviano, le plus ancien observatoire volcanologique au monde, le physicien / météorologue italien Luigi Palmieri. L’année était 1881.
Une petite parenthèse aéronautique si je puis me permettre. Début décembre 1870, Janssen quitte Paris, alors assiégé par la Königlich Preußische Armee, à bord du ballon à gaz Le Volta, et…
Désolé, mais non, ami(e) lectrice ou lecteur. Ce ballon à gaz n’est pas gonflé avec de l’hydrogène, de l’hélium ou du coronium du reste. Comme tous les ballons lancés pendant le siège de Paris, je pense, l’enveloppe du Le Volta contient du gaz de charbon, un mélange plus léger que l’air produit à partir de… charbon et utilisé pour l’éclairage.
Janssen quitte Paris à la demande du Bureau des Longitudes et de la prestigieuse Académie des Sciences, une des 5 académies du tout aussi prestigieux Institut de France, et ce avec la bénédiction du Gouvernement de défense nationale qui prend le relais lorsque le gouvernement du Second Empire s’effondre, début septembre 1870, à la suite de la défaite de son armée lors de la guerre franco-allemande de 1870-71 (juillet 1870-janvier 1871).
Janssen quitte Paris, dis-je (tape-je?), pour observer une éclipse totale de Soleil qui doit avoir lieu le 22 décembre 1870, une éclipse totale visible en Europe du Sud et en Afrique du Nord.
Croiriez-vous que Janssen décline poliment le sauf-conduit que lui adresse gracieusement le par ailleurs redouté ministre-président / premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Prusse, le comte Otto Eduard Leopold von Bismarck-Schönhausen? Il le fait, et ce malgré le fait que quitter Paris en ballon n’est en aucun cas un jeu d’enfant.
N’oublions pas que 18 des 66 ballons lancés pendant le siège de Paris, et ce afin de transporter du courrier gouvernemental, des représentants gouvernementaux, etc., tombent en territoire occupé par la Königlich Preußische Armee, 5 de leurs équipages finissant leur vol en tant que prisonniers. Deux autres ballons disparaissent sans laisser de traces au large des côtes anglaise et française, emportant avec eux leur pilote.
Soit dit en passant, le comité d’organisation d’un groupe anglais connu sous le nom de… English Eclipse Expedition contacte les gouvernements français et prussien juste avant ou après le départ de Janssen. Il veut inclure ce dernier dans un groupe, dirigé par le susmentionné Lockyer, qui doit se rendre par voie terrestre en Sicile, où il installerait son camp et observerait l’éclipse.
Un seconde groupe s’installerait à Wahrān / Oran, Algérie, de même qu’à Cádiz / Cadix, Espagne, et Gibraltar, un territoire britannique en sol espagnol.
En fin de compte, Janssen, ses instruments d’astronomie et de physique et le pilote novice du ballon, un marin de la défunte Marine impériale du nom de Chapelain, atterrissent sans encombre, quoique de manière quelque peu brutale, à Briche-Blanc, France, non loin de la ville portuaire de Saint-Nazaire, France, et non loin des côtes de l’océan Atlantique.
Croiriez-vous que Le Volta aurait maintenu une vitesse moyenne de près de 65 km/h (près de 40 mi/h) pendant son voyage d’environ 5.5 heures? Wah!
Incidemment, Janssen avait demandé que Le Volta ne décolle qu’environ 2 heures avant le lever du soleil, et ce afin que lui et Chapelain puissent voir leur environnement lorsque leur aérostat s’approcherait des côtes de l’océan Atlantique, plutôt que de partir plus tôt et de finir au lever du soleil au-dessus d’un océan vide.
Cette suggestion très intelligente est adoptée lors de vols ultérieurs et peut fort bien avoir sauvé des vies. Il suffit de mentionner les pilote et passager du Le Steenackers, lancé à la mi-janvier 1871, qui atterrit près de Harderwijk, Pays-Bas, juste au bord du Zuiderzee, une mer intérieure ou grande baie peu profonde de la mer du Nord, mais je digresse.
Après quelques voyages en train, Janssen atteint la ville portuaire de Marseille / Marselha, France, au bord de la mer Méditerranée, où il récupère d’autres instruments, à l’Observatoire de Marseille. Un navire le conduit ensuite en Algérie, une colonie française à cette époque. Et oui, Janssen atteint sa destination, Oran, à temps pour accomplir sa mission, la seule mission scientifique impliquant un des ballons lancés pendant le siège de Paris.
Votre humble serviteur aimerait vous dire que les conditions sont parfaites à Oran en décembre 1870. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. D’épais nuages gâchent tout. Fin d’une digression aéronautique qui n’était pas si brève que ça. Que puis-je dire (taper?), j’adore les ballons, un de mes nombreux défauts, mais je digresse. Encore.
Incidemment, le voyage aérien de Janssen l’incite à développer un compas aéronautique que de nombreux aéronautes de la fin du 19ème siècle utilisent pour déterminer leurs vitesse et cap. À cet égard, il convient de noter que Janssen est membre de la Société française de navigation aérienne, fondée à Paris en août 1872, mais revenons à notre éclipse de 1925.
Il s’avère que le coronium n’existe pas, une inexistence prouvée par l’astronome suédois Bengt Edlén au printemps 1941, je pense. Ce que Young et Harkness avaient détecté étaient en fait des atomes de fer extrêmement ionisés / excités.
Voyez-vous, la couronne solaire s’avère bien plus chaude que ne le pensent les scientifiques des années 1920. Sa température n’est pas d’environ 5 725 degrés Celsius (environ 10 350 degrés Fahrenheit). Nenni. Elle est de 725 000 à 2 700 000 degrés Celsius (environ 1 350 000 à 4 950 000 degrés Fahrenheit). Une température aussi inimaginable transforme des éléments comme le fer en des variantes qui ne pouvaient tout simplement pas pu être produites sur Terre il y a un siècle.
Les articles de décembre 1924 sur les efforts prévus par les forces armées américaines pour observer l’éclipse jouent-ils un rôle dans la décision prise plus tard par le Corps d’aviation royal canadien, le nom que porte alors l’Aviation royale canadienne, d’envoyer des aéronefs dans les airs pour prendre des photographies de ce phénomène astronomique, demandez-vous, ami(e) lectrice ou lecteur intelligent(e)? Votre humble serviteur ne le sait pas, mais cette possibilité ne doit pas être écartée.
Et oui, ami(e) lectrice ou lecteur perspicace, l’utilisation d’aéronefs ou dirigeables pour photographier une éclipse allonge considérablement le temps pendant lequel des photographies peuvent être prises. Cette utilisation pourrait également annuler les effets négatifs sur les observations d’une épaisse couverture nuageuse, mais revenons à notre histoire. Encore.
Les premiers articles qui mentionnent quelques municipalités ontariennes où l’éclipse pourrait véritablement être totale, soit Barrie, Owen Sound, St. Thomas, Sarnia et Whitby, semblent apparaître à la fin de décembre 1924. Et non, votre humble serviteur n’est pas sûr que les municipalités les plus septentrionales et méridionales de cette liste sont en fait dans la zone d’obscurité totale.
Entre temps, un astrophysicien canadien de l’Observatoire fédéral, Robert Millford Motherwell, avait envoyé un bref document d’information à de nombreuses personnes qui auraient pu vouloir observer l’éclipse.
Remarquez, en janvier 1925, la University of Toronto publie une brochure des susmentionnés Chant and Young destinée aux astronomes amateurs, une brochure intitulée Suggestions for Observing the Total Solar Eclipse of January 24, 1925. Une de ces suggestions pourrait être décrite comme une tentative de production participative visant à déterminer la largeur exacte de l’ombre du Soleil.
Et oui, c’est fin décembre qu’Albert John Kelly, un ingénieur / météorologue extraordinaire / surintendant canadien de l’observatoire de McGill University, à Montréal, mentionné dans un numéro de septembre 2022 de notre stellaire blogue / bulletin / machin, souligne à ses concitoyennes et concitoyens montréalais(e)s que la métropole du Canada se trouve à l’extérieur de la zone de totalité de l’éclipse. En conséquence, la ville ne connaîtrait qu’un crépuscule fort mais bref.
De fait, Kelly suggère que toute personne intéressée à voir l’éclipse dans toute sa splendeur se rende dans des endroits comme Hamilton ou la péninsule du Niagara.
Il ajoute que, peu importe où on se trouve, l’éclipse ne devrait pas être observée sans une sorte d’équipement de protection. Quiconque choisirait de ne pas tenir compte de ce conseil pourrait très bien endommager gravement sa vue. L’avertissement de Kelly, répété par d’autres, y compris le susmentionné Stewart, est toujours valable aujourd’hui.
Elle sera pleinement valable le 29 mars 2025, lorsque les bonnes gens d’Ottawa et Montréal assisteront à une éclipse partielle du Soleil, si le ciel est dégagé bien sûr.
Incidemment, un grand magasin montréalais mentionné à quelques reprises dans notre éclectique blogue / bulletin / machin, et ce depuis novembre 2021, Henry Morgan & Company Limited pour le nommer, vend des lunettes fumées foncées à celles et ceux intéressé(e)s à observer l’éclipse de janvier 1925 en toute sécurité. Ces dernières se vendent 50 cents chacune, une somme qui correspond à environ 8.85 $ en devises de 2025.
Les verres colorés vendus par un salon d’optique de Montréal coûtent entre 50 cents et 1.50 $, des sommes qui correspondent à entre environ 8.85 $ et environ 26.55 $ en devises de 2025.

La publicité publiée par le bureau de Winnipeg, Manitoba, de Grolier Society Limited de Montréal, Québec, je pense, pour l’encyclopédie pour enfants en plusieurs volumes de cette dernière, The Book of Knowledge. Anon., « Grolier Society Limited. » The Winnipeg Evening Tribune, 17 janvier 1925, 3.
Dans un tout autre ordre d’idées, Grolier Society Limited de Montréal, je pense, une firme qui a quelques bureaux au Canada, profite du battage entourant l’éclipse pour annoncer, dans quelques quotidiens de langue anglaise, The Book of Knowledge, une encyclopédie pour enfants en plusieurs volumes dont la version en français, L’Encyclopédie de la Jeunesse, est au cœur d’un article de novembre 2020 de notre, oserai-je le dire, encyclopédique blogue / bulletin / machin.
Pour paraphraser cette publicité, en traduction bien sûr, la dite encyclopédie donnerait une idée claire de ce qu’est une éclipse à toute lectrice ou lecteur n’ayant aucune connaissance préalable en astronomie.
L’intérêt du public pour l’éclipse à venir est effectivement élevé. À London, par exemple, des centaines de personnes envahissent la London Public Library dans les jours qui précèdent l’éclipse. Le bibliothécaire canadien, Richard Edwin Crouch, et son équipe sont tout simplement débordé(e)s. De nombreuses usagères et usagers sont déçu(e)s d’apprendre que tous les livres traitant des éclipses et, vraisemblablement, de l’astronomie avaient été empruntés plusieurs jours auparavant. Et oui, certain(e)s de ces usagères et usagers peuvent alors avoir jeté leur dévolu sur des volumes de… The Book of Knowledge.
Très consciente que les nuages pourraient empêcher les Torontoises et Torontois de profiter pleinement de l’éclipse, la direction d’un grand quotidien, The Toronto Daily Star de… Toronto, pense que ce serait peut-être une bonne idée de trouver un moyen de s’assurer qu’elle aurait des photographies de l’événement à venir, des photographies qu’elle pourrait publier.
Cette direction étudie d’abord la possibilité d’utiliser un ballon captif. Consciente des limites de ce type de machine volante, elle jette son dévolu sur l’utilisation d’un ou quelques aéronefs. Le problème avec cette idée éminemment pratique est que les aviateurs civils locaux avaient entreposé leurs machines pour l’hiver et n’étaient pas particulièrement disposés à risquer un vol au cours de la saison froide. S’il peut m’être permis de citer, hors contexte évidemment, le clown clochard philosophe québécois Sol, joué de main de maître par son créateur, un magicien des mots, le regretté Marc Favreau, quoi faire, quoi faire?
Pour savoir ce que fait la direction du The Toronto Daily Star, ami(e) lectrice ou lecteur, il vous faudra revenir la semaine prochaine. Hi, hi, hi. Désolé.