3 choses à savoir sur le radon dans sa maison, une astéroïde troyen de Saturne et l’impression 3D d’aliments
Voici Michelle Campbell Mekarski, Cassandra Marion, and Krissy Draper.
Michelle et Cassandra sont deux conseillères scientifiques d'Ingenium. Elles fournissent des avis scientifiques sur des sujets clés concernant respectivement le Musée de la science et de la technologie du Canada et le Musée de l'aviation et de l'espace du Canada. Krissy Draper, collaboratrice invitée, est stagiaire en communication scientifique au Musée de l'agriculture et de l'alimentation du Canada. Elle remplace ce mois-ci Renée-Claude Goulet, conseillère scientifique au Musée de l'agriculture et de l'alimentation du Canada.
Dans cette captivante série mensuelle de billets publiés sur le blogue, les conseillères scientifiques d’Ingenium présentent des « pépites » d’information insolite en lien avec leur champ d’expertise respectif. Pour cette édition de mars, elles nous expliquent le rayonnement du radon dans les maisons, la découverte d'un nouvel astéroïde troyen autour de Saturne et l'innovation de l'impression 3D d'aliments.

Mangeriez-vous une crêpe imprimée à l’aide d’une imprimante 3D?
De l’imprimante à l’assiette… La grande nouveauté de l’univers culinaire
Avez-vous déjà pensé à imprimer votre nourriture au lieu de la cuisiner? Des ingénieurs alimentaires partout dans le monde tentent de faire exactement ça, imprimer nos aliments préférés et imprimer nos repas. Bien que ce ne soit pas un nouveau concept, l’industrie de l’impression 3D alimentaire atteint maintenant de nouveaux sommets.
L’impression 3D d’aliments à l’aide d’imprimantes 3D spécialisées et sécuritaires est réalisée en téléversant un fichier numérique dans l’imprimante. L’imprimante prend ensuite les ingrédients, sous forme de pâte, et fait sortir la pâte alimentaire comme par magie, tout comme une imprimante 3D ordinaire extrude du plastique fondu! Jetons un coup d’œil à la procédure en examinant un exemple de recherche réalisée par l’Université Columbia, à New York, où on a réussi à préparer un gâteau au fromage à l’aide d’une imprimante 3D alimentaire.
La plupart des imprimantes 3D alimentaires fonctionnent de manière semblable aux imprimantes 3D ordinaires. Certaines sont toutefois plus perfectionnées et équipées d’un laser pour la cuisson. Elles peuvent extruder des amas de différents ingrédients comestibles, comme une pâte de biscuits Graham ou de la confiture de fraises. Cependant, puisque les « ingrédients » sont des pâtes alimentaires molles, la nourriture doit être imprimée en accumulant des couches pour rendre les aliments fermes. On imprime d’abord les ingrédients plus visqueux, puis les pâtes plus molles ensuite. Cette méthode permet aux ingrédients plus solides de soutenir les ingrédients plus mous, et cette structure imite les aliments que nous avons l’habitude de voir. Par exemple, pour préparer un gâteau au fromage, on imprime la base de biscuits Graham en premier. La chaleur des lasers donne une consistance solide à la pâte de biscuits Graham, offrant la base parfaite pour le gâteau au fromage à sept ingrédients de l’Université Columbia.
Quels sont les aliments que les scientifiques ont déjà réussi à imprimer? Certains scientifiques, qu’on peut appeler des chefs, ont testé l’impression 3D avec une vaste gamme d’aliments : du gâteau au fromage, du saumon à base de plantes et même de la pizza toute garnie! Au fur et à mesure que plus d’essais sont réalisés et que les scientifiques tentent de créer différents aliments, l’industrie de l’impression 3D alimentaire continuera de progresser et d’autres ingrédients seront testés.
Donc, pourquoi l’impression 3D alimentaire se transforme-t-elle en industrie florissante? Les aliments imprimés à l’aide d’une imprimante 3D peuvent être entièrement adaptés à n’importe quelle forme, n’importe quelle saveur et même n’importe quel besoin nutritionnel. Les aliments imprimés en 3D pourraient être la solution à bien des problèmes auxquels nous sommes confrontés pour nourrir une population vieillissante qui ne cesse de croître. La possibilité qu'ont les scientifiques de manipuler les ingrédients pour cibler un besoin nutritionnel particulier est un des avantages de l’impression 3D alimentaire. Par exemple, ils travaillent auprès de personnes atteintes de dysphagie, un trouble causant une perturbation dans la déglutition, pour élaborer des aliments imprimés en 3D faciles à avaler, mais aussi visuellement agréables et appétissants. De la nourriture qui serait normalement réduite en purée, fade et ayant possiblement une faible variété nutritionnelle peut, à l’aide de l’impression 3D, être créée pour être plus nutritive et intéressante, et goûter comme le véritable aliment non imprimé! La capacité de nourrir une population croissante, mais également vieillissante, avec des aliments nutritifs et facilement digestibles, pourrait représenter un tournant décisif pour l’avenir de l’industrie culinaire.
En conclusion, l’impression d’aliments 3D « mijote » tout un monde aux possibilités infinies. Qui aurait pu deviner que l’avenir de la nourriture se trouvait dans une imprimante pouvant aider bien des gens à redécouvrir des aliments savoureux et nutritifs? L’univers de l’impression 3D alimentaire vient tout juste de naître et l’assiette est fin prête pour l’innovation!
Par Krissy Draper

Une analyse pourrait vous sauver la vie. Avez-vous vérifié les niveaux de radon dans votre maison?
Ma maison est-elle radioactive? Le risque invisible du radon
Détecteur de fumée? Oui. Détecteur de monoxyde de carbone? Oui. Détecteur de radon? Si vous avez dit non, vous n’êtes pas seul. En fait, 95 % des résidences canadiennes n’ont jamais été analysées pour vérifier la présence de radon. Ce gaz invisible et inodore remonte du sol et peut s’accumuler à l’intérieur, posant des risques de santé sérieux. Le radon est la deuxième principale cause de cancer du poumon après la cigarette, mais la plupart des propriétaires de maison ne se doutent même pas qu’ils sont exposés. La bonne nouvelle? Les tests sont simples et si votre maison contient de hauts niveaux de radon, il existe des façons efficaces de régler la situation.
Qu’est-ce que le radon et d’où vient-il?
Bien que nous considérions les roches et la terre comme étant permanentes et immuables, elles se décomposent constamment pendant des processus lents et naturels. Certaines roches contiennent naturellement de l’uranium, lequel se décompose en radon. Puisque le radon est un gaz, il se déplace vers le haut à travers les couches de roches et de terre, s’échappant constamment et en douceur dans l’atmosphère. Cependant, le radon peut aussi se déplacer vers le haut dans les maisons, à travers les fissures dans la fondation, les espaces autour des tuyaux et même l’eau de puits. Une fois à l’intérieur, le radon peut rester piégé et s’accumuler pour atteindre des niveaux dangereux.
Les Canadiens sont exposés à certains des plus hauts niveaux de radon dans le monde. C’est en partie en raison de la quantité d’uranium (donc de radon) contenu dans nos roches. Mais c’est également à cause de notre façon de construire nos maisons. Les étés chauds et les longs hivers froids signifient que la plupart des maisons du Canada sont bien scellées et peuvent donc piéger le radon à l’intérieur. Le chauffage par ventilation forcée peut aussi créer une pression négative, aspirant davantage de radon à l’intérieur. Le type et la taille de votre maison peuvent avoir une incidence sur la superficie qui touche le sol et le nombre de façons dont le radon peut pénétrer dans le bâtiment (les grandes maisons unifamiliales montrent typiquement des niveaux plus élevés de radon). Notre mode de vie importe aussi. Les Canadiens passent beaucoup de temps à l’intérieur (encore une fois à cause des étés chauds et des hivers froids), ce qui augmente aussi l’exposition.
À quel point est-ce préoccupant?
Le plus important danger de l’exposition au radon est le cancer du poumon. Lorsque le radon se décompose, il libère de minuscules particules radioactives. Lorsqu’il est aspiré, les radiations du radon et ces particules endommagent le tissu pulmonaire, augmentant le risque de cancer du poumon au fil du temps. En fait, le radon est la principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Vivre dans une maison où les niveaux de radon sont élevés peut accroître les risques de cancer du poumon autant que fumer un paquet ou plus de cigarettes par jour. Des niveaux plus élevés de radon et des périodes prolongées d’exposition augmentent le risque, particulièrement pour les enfants et les fumeurs. On estime que près d’une maison canadienne sur cinq présente des niveaux de radon élevés. Il est donc important de faire des analyses pour protéger votre santé.
Comment faire pour vérifier les niveaux de radon dans ma maison?
C’est tout simple! Vous pouvez vous procurer une trousse d’analyse ou embaucher un professionnel pour mesurer les niveaux de radon. Malheureusement, on ne peut se fier aux cartes, car les niveaux de radon peuvent varier grandement d’une maison à l’autre, même dans des maisons identiques situées une à côté de l’autre, en raison des différences dans la construction, le sol sous-jacent ainsi que les fissures et les ouvertures créées pendant la construction et avec le temps.
Se débarrasser du radon
Si les résultats de l’analyse montrent de hauts niveaux de radon, ne paniquez pas, la situation peut être réglée. La façon la plus efficace est la « dépressurisation sous la dalle ». Il s’agit principalement d’un tuyau installé dans le sol et qui passe sous votre maison, permettant ainsi au radon de contourner votre maison et de s’échapper dans l’air.
Une solution simple pour un grand risque
Le radon est peut-être invisible, mais le risque est bien réel. La solution? Analysez votre maison. Si les niveaux sont élevés, régler la situation est simple et rapide. Si vous n’avez pas encore fait d’analyse, c’est le temps de le faire, car respirer ne devrait pas être un danger pour la santé!
Par Michelle Campbell Mekarski
Aller plus loin :

Saturne et ses anneaux.
Le premier astéroïde troyen de Saturne
Un astéroïde troyen a enfin été découvert pour la deuxième plus grosse planète du système solaire.
Ces astéroïdes sont de petits objets rocheux ou glacés qui résident dans des régions stables de l’orbite d’une planète qu’on appelle points de Lagrange (L). Ces points sont des endroits où les forces gravitationnelles du Soleil et d’une planète s’équilibrent, permettant ainsi aux objets de rester en place. Les astéroïdes troyens peuvent se former sur place ou être captés d’ailleurs. Ces petits corps contiennent possiblement des indices sur les débuts de la formation de notre système solaire.
Jupiter a des milliers d’astéroïdes troyens piégés dans les points L4 et L5 de son orbite, 60 degrés devant et derrière la planète. L’astronome allemand, Max Wolf, a découvert le premier astéroïde troyen de Jupiter en 1906. Des astéroïdes non troyens orbitent également entre Mars et Jupiter, soit dans la ceinture d’astéroïdes. Malgré le fait que Saturne ait été la seule planète géante gazeuse sans astéroïde troyen (Uranus en a un et Neptune 31), cette découverte de 2019 UO14 confirme que Saturne a maintenant un astéroïde troyen bien à elle.
L’astéroïde, qui fait 13 kilomètres de large et qu’on a nommé 2019 UO14, a été découvert et étudié par un groupe international d’astronomes, dont deux Canadiens. Pour confirmer son orbite, les astronomes avaient besoin de faire des observations approfondies à l’aide de plusieurs télescopes, pendant une longue période. Une fois les données nécessaires recueillies, les astronomes ont pu déterminer et confirmer précisément son orbite. Bien que cette découverte soit très intéressante, les modèles démontrent que l’astéroïde est passager, c’est-à-dire qu’il ne restera probablement en place que pendant environ mille ans. L’astéroïde 2019 UO14 orbite autour du Soleil une fois chaque 30 ans, semblablement à l’orbite de Saturne, et demeure environ à 60 degrés devant la planète, dans son orbite.
On croyait auparavant que l’absence d’astéroïdes troyens dans l’orbite de Saturne était due à la migration planétaire, aux collisions et aux régions plus petites stables dans les points L4 et L5 de Saturne comparativement à ceux autour de Jupiter. Cependant, cette découverte présente la possibilité que Saturne puisse avoir d’autres astéroïdes troyens encore inconnus.
Cette découverte est également importante dans le contexte de la mission Lucy de la NASA, actuellement en route pour étudier les astéroïdes troyens de Jupiter. La mission Lucy est conçue pour explorer les anciens corps aux points L4 et L5 de Jupiter afin de découvrir des indices essentiels à propos de la formation du système solaire. La réussite de la mission pourrait faire la lumière sur les origines d’astéroïdes comme 2019 UO14 et améliorer notre compréhension de la migration planétaire et des débuts du système solaire. Pendant que les scientifiques continuent d’examiner ces objets distants, de futures missions, comme Lucy, pourraient révéler des informations encore plus surprenantes sur le rôle que jouent les astéroïdes troyens dans l’évolution du système solaire.
Par Cassandra Marion
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